À Samer, le fruit star de la saison ramène tout juste sa fraisedimanche 17.05.2009, 04:47 - La Voix du Nord
Daniel Forestier prédit «une bonne qualité gustativedes fraises cette année».
Depuis quelques semaines, les fraises rutilent par milliers sur les étals des supermarchés, des primeurs et des marchés. La plupart du temps, elles viennent d'Espagne, du Sud de la France ou de Phalempin.
Dans le Boulonnais, la saison ne fait que commencer... Rencontre avec un cultivateur local, passionné par son métier.
Jeudi après-midi, sur un chemin dans la campagne de Tingry. Deux perdrix apeurées détalent vers des tunnels de plastique. « Elles sont très intéressées par les serres » explique amusé Daniel Forestier. Non pas par les appétissants fruits rouges qui y mûrissent doucement « mais à cause des insectes ». Même s'il est chasseur, le maire de Tingry confesse donc une affection particulière pour ces volatiles sauvages qui protègent ses petites protégées.
A la tête d'une exploitation agricole (lait, céréales, betteraves...) avec son frère Jean-Luc, il cultive dame fraise depuis les années 80-90, « quand le district de Samer a décidé de relancer cette tradition ». Un complément de revenu appréciable et même nécessaire qui, au fil des années, est devenu une véritable « passion ». Aujourd'hui, la quasi-totalité de leur production est écoulée sur les marchés, en vente directe chez eux et dans des magasins de Boulogne.
Répartie sur 1,5 hectares, l'exploitation produit plusieurs dizaines de tonnes chaque année. Certaines poussent en plein champ, d'autres sous serres. Mais attention, « Nous ne faisons que de la fraise de pleine terre ! » insiste Daniel Forestier. Ici, pas de fruits « hors sol » nourris au goutte à goutte. Rien que de la fraise de terroir, goûteuse, qui puise les oligoéléments du sol et offre une texture ferme et tient longtemps.
Les Forestier élèvent une dizaine de variétés : Cléry, elsanta, cijosée... Mais aussi mara des bois, que Daniel apprécie particulièrement : « c'est ma variété de base. Ce n'est pas la plus productive mais sa qualité gustative est grande ! ». Idem pour la petite fraise des bois « d'une durée de vie de 24 h. Nous les vendons par 100 grammes... C'est un produit de niche ».
Les fraises de Samer arrivent tout juste sur les étals. La récolte des variétés précoces, dite « de saison », cultivées sous serre, démarre mi-mai et s'achève fin juin. Les fraises des « quatre saisons » ou « remontantes », on les trouve de fin mai jusqu'aux premières gelées. Autant dire que ce fruit exige beaucoup de travail : « cela demande un suivi technique, une grande capacité à observer la végétation, savoir juger la maturité, repérer d'éventuelles anomalies, ou prolifération d'insectes... » Un « travail de surveillance passionnant » mais aussi très prenant. D'où une grande inquiétude : que les producteurs qui partent en retraite ne soient pas remplacés et que la tradition se perde... « Il faut que les jeunes attrapent le virus ! ». Peut-être est-ce pour cela que Daniel Forestier fait si volontiers visiter ses champs aux scolaires.
PAR EMMANUELLE DUPEUX