Samer : des containers transformés en logements, que vaut vraiment le projet Dom’n’co ?
Publié le 19/11/2013 Par OLIVIER MERLIN (La Voix du Nord)
Vendredi, à Auchan, le dirigeant de Dom’n’co, Patrice Villeger, a présenté son projet. Son but est, à Samer, de transformer des containers en logements tout en employant des ouvriers en réinsertion. Mais qui est Patrice Villeger ? Et que vaut Dom’n’co ?
Dom’n’co, c’est quoi ? - Il s’agit d’une association qui clame vouloir créer « des logements durables et modulables pour que le standing appartienne à tous ». Son dirigeant Patrice Villeger veut recycler des containers en logements, aussi bien d’urgence (pour les associations humanitaires) qu’en accession à la propriété. Ces maisons ont pour nom Tatianâ ou Adrianâ. Le recyclage de containers existe déjà en Europe, et une résidence étudiante en containers a déjà vu le jour au Havre. Un seul prototype a été réalisé par Dom’n’co, et il est exposé actuellement sur le parking d’Auchan.
Qui est Patrice Villeger ? – Français et natif des Ardennes, ce quinquagénaire a vécu 30 ans aux Pays de Galles. Revenu en France « sans un sou » il y a une vingtaine de mois, il s’est posé à Boulogne « proche de la Grande-Bretagne pour pouvoir j’espère revoir mes enfants », indique Patrice Villeger qui a divorcé de sa première épouse avant de revenir en France.
Condamnation en 2007.- L’homme, dans un message sur son site Internet, n’y va pas par 4 chemins. « Je viens d’un monde où il faut parfois mentir, parfois tricher (…) pour enrichir égoïstement sa propre vie. (…) J’ai été riche (…) mais forcément fautif. Puisque la vérité refait toujours surface, les mensonges, les erreurs et les méprises aussi. » De quoi veut-il parler ? « J’étais avec ma femme à la tête d’un très gros patrimoine immobilier. Et je ne voyais que l’argent comme seul intérêt », nous confirme-t-il. Jusqu’à un jour de 2007 où il est condamné par la justice galloise à une amende de près de 10000 livres pour avoir été le propriétaire d’un bien dans lequel son locataire avait ouvert un salon de massage équivoque. « Ça n’a jamais été une maison close », précise-t-il sans remettre en cause cette condamnation pénale. Il promet qu’il n’a été mêlé à aucune autre affaire judiciaire.
Des soutiens de poids.- La fondation Immochan (le bras foncier du groupe Muliez) le soutient et lui a déjà versé une aide financière. Un deuxième chèque lui sera octroyé en début d’année prochaine quand il aura obtenu l’autorisation par l’État d’employer des ouvriers en réinsertion.
Un projet à Samer.- Dom’n’co veut créer un écoquartier de 8 logements en containers à Samer en bordure de la rue de Longuerecques. Les plans sont signés par l’architecte Bernard Laffaille mais « rien n’est signé » précise le maire Claude Bailly, dont la ville est propriétaire du terrain.
«Il n’arrêtait pas de dire qu’il était assis sur un jackpot»
Loïc Cheuva, conseiller municipal boulonnais et directeur de l’association sociale et solidaire Créactif est catégorique : « Patrice Villeger n’a pas été loyal avec nous, je ne veux plus jamais avoir affaire à lui. » Selon lui, lorsque l’ancien Gallois arrive à Boulogne il y a une vingtaine de mois, Créactif le prend sous son aile en lui proposant de l’aider à réaliser son projet de logements à base de containers. « Nous avions ce projet dans les cartons. Nous avons donc décidé de lancer une étude avec Patrice Villeger qui touchait à l’époque le RSA. Un budget de 45000 € sera trouvé pour l’aider. »
Méthode « américaine »
Mais selon Loïc Cheuva, qui ne veut pas rentrer dans les détails de cette affaire appartenant dorénavant « au passé », les rapports se distendent rapidement au cours des 9 mois de collaboration entre Patrice Villeger et Créactif. « Il n’était pas loyal vis-à-vis de nous, prenait des rendez-vous avec des décideurs sans nous en parler. Il n’arrêtait pas de dire qu’il était assis sur un jackpot. Or, notre mission est d’aider les personnes pas insérées à travailler. Il avait une attitude très américaine, très basée sur l’argent, dans la manière d’appréhender son projet. De plus on lui a demandé un prévisionnel de son activité pour voir si elle était viable et on n’a rien vu venir. » Les tensions atteignent leur comble lorsque Loïc Cheuva et le président de l’association Olivier Caboche découvrent les démêlés judiciaires passés de leur poulain. Le « clash » interviendra en avril 2013, Patrice Villeger quitte alors l’association pour monter seul, en partenariat avec la fondation Immochan, Dom’n’co.
Contacté sur cet aspect, Patrice Villeger confirme cette séparation entre Dom’n’co et Créactif et estime n’avoir rien à se reprocher.
Source : La voix du Nord www.lavoixdunord.fr