À qui profitent les mystérieux vols de sièges de voiture dans le Boulonnais ?mercredi 06.04.2011, 05:07 - La Voix du Nord
Pour l'heure, les enquêteurs n'ont pas retrouvé la trace des sièges volés sur Internet. La piste étrangère est privilégiée.
| ENQUÊTE |Les enquêteurs se grattentla tête. Depuis un an, une quarantaine de voitures ontété dépouillées de leurs sièges dans le Boulonnais. Des véhicules qui, vu le prix des pièces, peuvent être réduits à l'état d'épaves. La compagnie de Calais a affecté trois gendarmes à cette enquête.
PAR SYLVAIN DELAGE
boulogne@lavoixdunord.fr PHOTO « LA VOIX »
Il y a des journées qui commencent mal. Imaginez : alors que vous partez au travail, vous retrouvez votre voiture fracturée - souvent une porte forcée ou une vitre brisée - et... plus aucun siège à l'intérieur ! Une quarantaine d'automobilistes ont connu cette mésaventure depuis le début 2010 sur la Côte d'Opale, notamment à Saint-Inglevert, Peuplingues, Wierre-Effroy, Samer, Neufchâtel... Trois voitures ont encore subi le même sort la semaine dernière à Baincthun et Marquise.
Les faits se passent toujours de nuit, dans une rue calme. En quelques minutes, une partie ou la totalité des sièges sont démontés. Les modèles de marque Toyota sont particulièrement visés, car leurs sièges amovibles se démontent en un tour de vis. Les voleurs, sans doute équipés de camionnettes, repartent ensuite avec leur marchandise, ni vus ni connus.
Les voitures, quant à elles, sont souvent réduites à l'état d'épaves. Car les sièges peuvent coûter jusqu'à 2 000 E pièce - d'où l'intérêt qu'ils suscitent. « Pour une seule voiture à rééquiper avec des pièces neuves, on atteint facilement 10 000 E, ce qui peut dépasser la valeur du véhicule », explique Bernard Delattre, gérant du cabinet d'expertise automobile Watel, basé à Boulogne. En un an, il a traité une dizaine de dossiers de ce type.
« Quelques pistes » La gendarmerie conseille aux propriétaires de voitures Toyota de rester vigilants et de garer leur véhicule, quand c'est possible, dans un lieu clos. « C'est un problème que l'on prend très au sérieux, affirme le commandant Bertrand Roehrig, chef de la compagnie de Calais.
Nous avons quelques pistes de travail et nous exerçons des surveillances, mais c'est très compliqué d'appréhender les auteurs. » Trois enquêteurs passent une grande partie de leur temps sur ce dossier.
Toute la question est de savoir à qui profitent ces vols. Habituellement, ils servent à transformer à moindre frais des voitures commerciales (deux places) en voitures de tourisme (cinq places). « Ces sièges sont revendus sur Internet bien moins cher que dans les casses, déplore Roseline Loth, du garage Marie-Rose, à Saint-Martin-Boulogne. Quelqu'un qui vend un intérieur à 150 ou 200 E, il y a des chances qu'il se soit "servi" dans une voiture. » Mais jusqu'ici, les enquêteurs n'ont retrouvé aucune trace des sièges volés sur les sites spécialisés dans les ventes d'objets entre particuliers. Ce qui fait dire au commandant Roehrig que « ces vols alimentent probablement des réseaux à l'étranger ».
Ces sièges pourraient alors prendre la direction de la Belgique ou des pays de l'Est, où le suivi des pièces est moins drastique qu'en France. Ils serviraient ensuite à rééquiper des voitures accidentées ou déclassées suite à des problèmes de fabrication, via des filières peu scrupuleuses. •